Les infos avalines du 13 août 2024

Voici les infos avalines de ce mardi 13 août. Comme chaque semaine, les infos avalines laissent place au long format. Aujourd'hui, nous reviendrons sur la tragédie du col de la Galise survenu pendant la Seconde Guerre Mondiale et dont les 80 ans ont été commémorés dimanche dernier.


En novembre 1944, Val d'Isère est témoin de l'un des événements les plus tragiques survenus en montagne durant la Seconde Guerre Mondiale. Afin de fuir les Allemands, 28 soldats anglais évadés de prison et 16 partisans italiens vont tenter de rejoindre la France. Sans mesurer les risques et le danger, les 44 hommes vont s'engager avec détermination dans cette expédition en passant par le Col de la Galise, situé à 2 987 mètres d'altitude, pour rejoindre Val d'Isère en une journée, comme les Italiens avaient l'habitude de faire pour le convoi d'armes. Mais malheureusement, le voyage ne va pas se passer comme prévu et durera 11 jours sous des conditions climatiques extrêmes dont des tempêtes de neige. Après avoir passé la nuit du 9 novembre 1944 au vallon du Prariond, le groupe anglo-italien va reprendre la route en passant par le sentier des chèvres malgré la tempête de neige soufflant dans le vallon. Ils laisseront à une centaine de mètres du refuge du Prariond deux Anglais dont l'un des survivants, Alfred Southon avec deux autres partisans italiens. Lors de leur traversée, ils périront tous dans la gorge du Malpasset, lors d'une chute d'un pont de neige au-dessus de l'Isère où ils se retrouveront piégés par le froid. De leur côté, les quatre hommes restés près d'un bloc de pierre pour se protéger du froid vont attendre 2 jours et 3 nuits sans nouvelle. De ce fait, les deux partisans italiens décideront de rejoindre Val d'Isère le 11 novembre 1944. Par chance, ils tomberont sur deux maquisards italiens et pourront les alerter que deux soldats britanniques doivent être secourus. Une équipe de secours de Val d'Isère composé de six hommes, dont Frédéric Pétri, est venue secourir Alfred et le ramener au Fornet en l'espace de 2h. Il sera par la suite soigné et logé chez le Docteur Pétri. Durant cette expédition, 41 hommes y ont perdu la vie.


Pour la première fois et pour marquer ces 80 ans, plusieurs temps forts ont marqué la journée de ce dimanche. Christel Pétri, fille du Docteur Pétri, est revenue sur l'histoire tragique lors d'une conférence à la ferme de l'Adroit. Elle a pu partager des anecdotes, transmettre ce patrimoine historique avalin à la cinquantaine de personnes présentes, mais aussi revenir sur ses 4 ans de recherches d'archives qui ne parlait quasiment pas ou peu de ce drame. Il y a peu de temps, Christel Pétri découvre avec stupeur la réelle raison du départ anticipé de cette expédition. Elle n'était pas liée au souhait que les soldats anglais voulaient retrouver leurs familles pour Noël, mais bien pour une trahison par un informateur italien qui avait entendu le plan d'évacuation des soldats anglais évadés et des partisans italiens. Le 4 novembre 1944, le guide partisan Alberto, est mis au courant de cette trahison et va donc précipiter le départ, 3 jours avant, pour déjouer l'embuscade prévue par les soldats allemands. Les Anglais ignoraient la vraie cause de ce départ anticipé. Une réelle découverte pour la fille du Docteur Pétri qui prend connaissance de la réelle raison. « Je me suis dit, moi j'apprends ça, je ne vais pas le garder pour moi. Il faut que je le partage avec tous ceux de près ou de loin ont été concerné par cette histoire. Ça a été une révélation, j'étais presque abasourdie. C'est la pièce manquante du puzzle. C'est seulement révélé maintenant puisque les archives n’ont été ouvertes que très récemment et qu'il y a eu également une sorte de verrouillage de la part des Italiens et des Anglais. Il ne fallait pas dire que les Italiens avaient protégé ces prisonniers anglais. » Un peu plus tard dans la journée, une commémoration s'est tenue au Refuge du Prariond afin de rendre hommage aux disparus et aux avalins qui ont apporté leurs aides aux trois survivants dont l'un est décédé après la guerre en 1946.


80 ans après cette tragédie, la mémoire perdure et fait partie intégrante de l'histoire des avalins. Un devoir de mémoire essentiel pour le maire de Val d'Isère, Patrick Martin. « C'est important de se rappeler d'où l'on vient pour savoir où l'on va. Il y a 80 ans, Val d'Isère n'avait pas du tout ce visage-là : on n’avait pas les prévisions météorologiques, on n’avait pas les informations, on n'avait pas internet et nos portables. Et pourtant, il y a eu des mouvements de solidarité qui se sont créés. C'est vraiment important, surtout à notre époque où l'on vit un peu replier sur soi-même, de se rappeler de ce qu'il s'est passé. Ces jeunes ont donné leurs vies dans un premier temps pour une guerre puis pour leurs nations. »

Pour perpétuer le devoir de mémoire, un panneau explicatif a été installé au refuge du Prariond afin que les visiteurs puissent se rappeler ou connaître l'histoire tragique qui s'est produite en ces lieux. Ce témoignage visuel s'inscrit dans la volonté de la commune de préserver, mais aussi de transmettre ce patrimoine historique.

Le 31 août, le petit fils du seul survivant italien Carlo viendra avec d'autres Italiens en bus à Val d'Isère pour aller au refuge du Prariond et rendre hommage à son grand-père et aux disparus. Le fils et petit-fils du soldat anglais Alfred Southon viendront probablement aussi pour cette seconde commémoration.