Les infos avalines du 16 février 2025

Aujourd'hui, nous consacrons les infos avalines au long format hebdomadaire sur le funival de la Daille, relié au rocher de Bellevarde. Nous reviendrons sur sa création, sa particularité et également sur sa réglementation. Mais avant nous reviendrons sur une avalanche mortelle survenues hier en milieu d'après-midi sur le secteur du Col de l'Iseran, côté Maurienne.

Une avalanche est survenue hier en milieu d'après-midi sous le Col de l'Iseran, du côté de la Maurienne, commune de Bonneval-sur-Arc. Un groupe de cinq amis sont partis depuis Val d'Isère pour se rendre au refuge du Fond des Fours. Après avoir passé le Col de l'Iseran et en se rendant vers le pont des Neiges, les randonneurs français ont déclenché sur leur passage une grosse plaque de neige. Quatre d'entre eux se sont fait emporter et deux ont été ensevelies et sont décédées. Grâce au DVA, les trois personnes épargnées par l'avalanche ont commencé les recherches de localisation et ont pu prévenir les secours. Puisqu'il s'agit du domaine de montagne, ce sont les secouristes du CRS Alpes de Modane et de Courchevel qui sont intervenus avec deux hélicoptères, dont la SAF de Courchevel. La Régie des pistes est également venue en renfort et a été alertée par un guide de montagne, témoin de la scène, qui a pu les aider à localiser l'avalanche à travers des photos. Il s'est lui aussi rendu sur place. Les deux victimes, une femme et un homme d'une trentaine d'années, ont été retrouvés sous l'avalanche en arrêt cardiaque. Malgré l'intervention des secours sur place et les efforts nécessaires pour les sauver, ils n'ont pas pu les réanimer. Les deux Français ont été déclarés décédés. L'ensemble du groupe de randonneurs était équipé pour le hors-piste, dont le DVA. Le risque d'avalanche était marqué de 3/5. Il s'agit de la deuxième avalanche mortelle dans le secteur du domaine skiable de Val d'Isère.

Le Funival de la Daille voit le jour en 1988 après deux ans de travaux. A l'époque, la STVI négocie sur sa construction contre l'édifice de résidences, en l’occurrence Pierre et Vacances, à proximité de l'appareil afin de développer le tourisme. En support de la télécabine de la Daille, le Funival est conçu pour s'affranchir de tous aléas climatiques grâce à un tunnel de 1 750 mètres de long afin d'être un moyen de transport sûr et fiable pour la sécurité des usagers. Initialement commandé aux entreprises Creissels et Gimar, l’appareil a finalement été construit par Montaval, filiale de la STVI exploitant du domaine skiable de Val d’Isère, en utilisant la technologie de l'entreprise Waagner-Biró. A noter qu’à l’époque, il s’agissait du troisième exemplaire d’appareil de ce type construit en station de ski : une première dans les domaines skiables de France, et un appareil avec une particularité comme nous en parle Benoît Rebuffel, Directeur des opérations à la STVI. « C'est un appareil qui a deux rames : une qui descend et une autre qui remonte. À l'intérieur du tunnel, il y a un passage de cheminement, c'est donc là que les rames se croisent. C'est tout tiré et retenu par un câble : tout dépend dans le sens où la rame va. Motorisation électrique, toutes les portes sont pneumatiques. En fait, la réglementation nous oblige à avoir des systèmes d'extinction d'incendie donc tout peut se faire à distance pour éteindre un départ d'incendie ainsi que tout notre personnel est formé avec les sapeurs-pompiers pour l'appareil respiratoire isolant. En cas d'évacuation des personnes du tunnel, ils mettent cet appareil et on peut évacuer les clients en partie amont. »


Pour rappel, le Funival relie le hameau de la Daille au rocher de Bellevarde, sommet du secteur du même nom, et permettant aux skieurs d'avoir accès à toutes les pistes de ce domaine. La gare aval, située non loin des parkings et de la télécabine de la Daille, est une structure extérieure disposant de vastes quais étagés. D'une longueur totale de 2 300 mètres, la ligne est divisée en deux parties : une zone de 600 mètres en extérieur, puis une seconde partie de 1700 mètres en souterrain. La gare amont, station motrice, est positionnée au sommet du secteur de Bellevarde, non loin des arrivées du téléphérique 3S de l’Olympique en provenance du village de Val d’Isère et des télésièges Fontaine Froide et Marmottes. Même si le débit est bas,et l'allure est de 43km/h, le funiculaire fait des allers-retours tous les jours sans exception, même en cas de mauvais temps. L'année dernière, le Funival avait réalisé 410 000 passages contre 740 000 de la télécabine de la Daille. L'appareil a été rénové depuis sa construction et est est désormais équipé de deux cabines fournies par la société Cwa, pouvant accueillir 272 personnes, contre 220 places de disponibles auparavant.


L'entretien du Funival représente au total 3 500 heures de travail sur une période de six mois. Maintenance des freins, des câbles, des galets, des rails, des véhicules ou encore de la motorisation, ces nombreux entretiens sont essentiels afin de pérenniser et de stabiliser le funiculaire. Des études sont également réalisées comme nous en parle Benoît Rebuffel. « On a des suivis géologiques parce qu'il faut s'assurer que le tunnel ne s'effondre pas et ça nous permit aussi d'anticiper, de temps en temps, la réfection  et de faire des zones à restaurer pour garantir la pérennité de l'appareil. » Plusieurs réfections du tunnel ainsi que du viaduc ont déjà été effectuées.


Le Funival a également la particularité de ne pas être soumis à une réglementation spécifique et chaque funiculaire à ses propres normes comme nous l'explique Benoît Rebuffel. « Notre organisme le STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés), qui dépend du ministère des Transports, ne connaît pas beaucoup ces appareils-là, étant donné qu'il y en a peu en France, donc le retour d'expérience est très compliqué à mettre en avant. Par exemple, le funiculaire de Tignes  n'a pas la même réglementation que le nôtre : ils ont une gare fermée que nous non, ils sont catégorisés en ERP et ainsi de suite. Après, tout ce qui est système de freinage et tout ce qui s'ensuit, on n'a pas de réelles normes qui nous disent " il faut rentrer dans cette fourchette-là " . Une télécabine standard on connaît nos temps de freinage, il y a une règle qui est définie et qu'il faut respecter : là on n’a rien. Chaque année, on se justifie comme quoi nos essais de freinage sont bons, les résistances sont bonnes et on présente des données à parti de notes de calcul. Ce sont des travaux et des études qui durent depuis plus de 10 ans, avec des organismes agréés, et donc a chaque fois il faut le refaire valider pour être sûr. » N'ayant pas de réglementation, chaque année la STVI a des contrôles à effectuer, mais aussi de la mise en place de système de sécurisation qu'on retrouve sur beaucoup d'appareils comme sur les poulies. « On a un retour d'expérience en Espagne avec la poulie d'arrivée du télésiège qui est partie. On crée donc des systèmes d'engagement des poulies : si l'axe casse, le système  les retient. On a tous créé en interne à la STVI et grâce à notre bureau d'étude : on l'a dimensionné, on l'a fait valider par un bureau de contrôle qui ensuite été accepté par la STRMTG. Ce sont plein de travaux qui ne se voient pas, mais qui aujourd'hui sont maintenant indispensables à l'appareil pour sa pérennité. »